Tout savoir sur la culture du riz bio  

Comment pousse le riz bio ? Quels gestes sont reproduits par les petits fermiers depuis des millénaires ? Quels sont les liens qui les unissent à la Nature ? Les modes de culture du riz ont-ils évolué ? 

Lors de nos visites dans les coopératives en Asie, nous avons partagé des moments forts avec ces paysans qui cultivent du riz bio depuis des temps ancestraux. Loin des villes, la vie des communautés rurales est toujours rythmée par le cycle de culture du riz

On vous explique tout !

Le riz, une belle plante !

Le riz est une plante herbacée qui appartient à la grande famille des graminées appelée Oryza. Elle est cultivée depuis le Néolithique. Des archéologues chinois ont identifié des grains de riz datant de plus de 10 000 ans sur le cours moyen du fleuve Yangtze. Tout porte à penser que le riz serait la première céréale cultivée par l’Homme.  

Le riz est né sous les tropiques, sous un climat chaud et humide. Il s’est étendu partout sur la planète, sous toutes les latitudes. Sa capacité d’adaptation est exceptionnelle : du nord au sud, et jusqu’à plus de 2700 m d’altitude au Népal ! 

Deux grandes espèces de riz coexistent :  

  • Oryza Sativa : originaire de l’Inde et de la Chine, c’est la plus répandue en Asie et partout au monde. Cette espèce s’est divisée en deux sous-espèces : indica qui croît dans les zones humides et japonica, adaptée au climat tempéré. 
  • Oryza glaberrima : originaire d’Afrique, dans le delta du Niger au Mali, cette espèce est restée sur le continent africain. 

Plus de 100 000 variétés de riz au monde ! 

Il existe un nombre impressionnant de variétés de riz de toutes les couleurs (blanc, brun, violet, rouge, noir, de nuances infinies), de toutes saveurs, sauvages ou domestiquées, anciennes ou plus récentes. 

Le plus grand conservatoire de graines au monde, l’International Rice Research Institute, en a recensé plus de 112 000. En Thaïlande, 24 000 sortes de semences de riz sont conservées comme un trésor pour les générations futures.

©J-M Boudou, Paddy, la déesse et la goutte d’eau

Regardons à la loupe un
plant de riz  

La tige est haute : de 50 cm à 2 m. Les variétés de riz flottants, qui poussent dans les deltas où l’eau est profonde, peuvent atteindre 5 m de haut ! Elle est creuse et deviendra de la paille après la récolte du riz. 

La tige se termine par une grappe de fleurs appelée panicules. Chaque fleur deviendra un grain de riz. On en compte de 50 à 200 par panicule. 

Le grain de riz est protégé par la balle, une sorte d’écorce végétale qui n’est pas comestible. Puis il est composé : 

  • d’un cœur, appelé l’albumen, essentiellement constitué d’amidon
  • d’une enveloppe intérieure de son, comprenant le péricarpe, qui lui donne sa couleur et ses fibres, 
  • d’un germe qui donnera naissance à une autre plante.

C’est dans ces trois couches réunies que se concentrent les nombreux atouts nutritionnels du riz bio. On tire bénéfice de ces bienfaits lorsqu’on choisit un riz complet ou semi-complet.

La culture ancestrale du riz biologique 

« Que l’amitié soit comme le riz et l’eau. Dehors ils ne se séparent jamais et à la maison ils ne se quittent pas un seul instant. » Proverbe philippin

Pour germer, le riz a besoin d’humidité et de chaleur. Pour croître, il a besoin d’être les pieds dans l’eau. C’est dans sa nature ! Il possède cette caractéristique botanique de transporter l’oxygène de sa partie aérienne vers les racines. C’est la seule plante qui a cette faculté.  

Il existe plusieurs façons de cultiver le riz qui utilisent différemment la précieuse ressource en eau

  • La rizière irriguée :  La gestion de l’eau est contrôlée artificiellement par l’Homme. Les rizières, séparées par des petites digues, sont alimentées par un réseau dense de canaux depuis les fleuves et les grands cours d’eau. Ce système, qui requiert beaucoup d’eau, permet de faire deux à trois cultures annuelles de riz, en forçant la nature. La terre n’a pas le temps de se régénérer, et il est alors nécessaire d’avoir recours à des engrais et pesticides de synthèse. Il s’agit d’une agriculture conventionnelle qui détruit les équilibres naturels. 
  • La rizière inondée ou pluviale : Les petites parcelles sont inondées naturellement avec l’eau du ciel, selon la méthode traditionnelle. Les pluies de la mousson arrosent les plants de riz et sont recueillies dans des étangs creusés à proximité par les villageois. Pendant ce cycle annuel du riz, l’eau est acheminée par des canaux au gré des besoins, entre deux épisodes de pluie. C’est une pratique plus économe en eau et respectueuse de l’écosystème. Elle permet de préserver les ressources en eau qui s’amenuisent et d’atténuer les émissions de méthane des rizières. Les riz thaïs bio Hom Mali et le riz Jasmin bio du Cambodge Autour du Riz sont le résultat d’une culture pluviale. 

Notre riz thaï bio Hom Mali est cultivé comme jadis 

Le riz thaï bio Hom Mali est cultivé selon les rituels ancestraux dans les villages de notre programme en Thaïlande. La nature n’est pas forcée : une seule plantation annuelle est calquée sur le calendrier de la mousson. C’est le respect de la terre qui prime. Les paysans possèdent des animaux de trait, bœufs et buffles, qui sont mis au champ lorsque la terre se repose. C’est la polyculture-élevage, base de l’agroécologie. Après la récolte de riz, ils plantent des légumineuses comme le soja, les pois, les haricots, ou des herbacées qui nourrissent le sol, en captant notamment l’azote. C’est l’agriculture bio et régénératrice. 

Une année de labeur pour récolter le riz bio 

Un cycle inauguré par des rites magiques  

Depuis des temps immémoriaux, dans tous les pays d’Asie, la plantation du riz nouveau est précédée par des cérémonies aux divinités, pour réclamer des pluies abondantes et l’absence de fléaux naturels. Ces croyances perdurent dans les campagnes où elles donnent lieu à des fêtes traditionnelles, des prières qui rassemblent les communautés. Dans la campagne thaïlandaise, après la cérémonie du Premier labour royal qui se déroule à Bangkok, les paysans rendent hommage à Mae Phosop, la déesse Mère du Riz.

Étape 1 : La préparation de la terre des rizières en début d’année 

Un labour est nécessaire pour aplanir le sol avant les plantations de riz bio. Il permet de rendre la terre plus légère, de la débarrasser des plantes indésirables et d’enfouir les herbes qui vont la nourrir. Jadis effectuée manuellement avec un soc tracté par le buffle, cette étape est maintenant réalisée grâce à un tracteur communautaire. 

Étape 2 : La plantation des grains de riz bio à la fin de la saison sèche, mi-mai 

Après la traditionnelle fête de l’eau qui marque « le renouveau de la vie » , les semis peuvent commencer. Selon les conditions météorologiques, les grains de riz bio sont plantés soit directement en pleine terre après la première pluie, soit dans des pépinières situés à proximité des villages. Maintenus à l’humidité et la chaleur, les grains germent et deviennent des plants. Au bout de 25 à 35 jours, ce sont des petits plants de riz prêts à être transplantés dans les rizières. 

Étape 3 : Le repiquage des plants de riz,
mi-juin/ mi-juillet 

Le repiquage du riz consiste à déterrer les jeunes plants pour les repiquer dans la rizière. Pour réaliser ce travail long et fastidieux, des petits engins motorisés sont venus soulager quelque peu le travail des paysans de notre coopérative partenaire en commerce équitable.  

Les plants destinés à la récolte des futures semences de riz sont encore transplantés à la main, avec le plus grand soin. Ce sont souvent les femmes qui se chargent de ce précieux repiquage. 

Étape 4 : Le désherbage des rizières, de juillet à octobre 

Le désherbage des parcelles est toujours manuel. C’est une étape importante pour laisser les plants de riz pousser librement. L’arrachage des mauvaises herbes à la main est certainement la plus grosse contrainte de l’agriculture biologique. Pendant la croissance du riz bio, les paysans passent périodiquement dans les rizières. Il faut aussi être vigilants aux attaques d’oiseaux et d’insectes ! 

Mais quelle joie de voir la vie s’épanouir au pied des tiges de riz ! Escargots, crevettes, toute la petite faune aquatique témoignent d’une biodiversité exceptionnelle. À cette époque, les paysans entretiennent les étangs dans lesquels l’eau de la mousson est récupérée. Là aussi, les poissons sont nombreux. Ils apportent un complément de protéines au régime alimentaire des paysans. 

Étape 5 : La récolte du riz bio, de mi-octobre à mi-décembre 

Après les pluies de mousson, le riz jusqu’alors très vert se pare d’une belle couleur jaune-dorée. C’est le signe que le temps de la récolte est arrivé. Les plants de riz sont coupés avec de petites moissonneuses communautaires. 

L’étape suivante consiste à séparer les grains de riz des tiges devenues de la paille. C’est le battage. Les grains doivent ensuite être séchés pour obtenir un taux d’humidité idéal à leur conservation et leur usinage.  

La paille quant à elle sera utilisée comme litière pour les animaux et comme engrais naturel. Elle peut avoir d’autres usages. Ici, en France, nous avons même utilisé de la paille de riz de Camargue pour l’isolation intérieure de notre nouveau site éco-conçu.  

Étape 6 : Le séchage du riz bio 

Cette étape ultime est désormais réalisée dans une sécheuse automatique.  

Le riz thaï bio et équitable Autour du Riz est toujours séché au soleil : c’est ce que nous demandons expressément aux paysans de notre coopérative partenaire pour économiser l’énergie.

Et après ? Que deviennent les grains de riz paddy ? 

Quand il vient d’être récolté, le riz porte le joli nom de riz paddy. Cela signifie qu’il a conservé sa balle, sa première enveloppe. 

Pour devenir comestible, le riz devra ensuite être lavé, trié, puis usiné à la meule. S’il a conservé l’intégralité de son enveloppe interne et de son germe, ce sera du riz thaï bio complet. S’il n’en conserve qu’une partie, ce sera du riz thaï bio semi-complet. Enfin, ce sera du riz bio blanc s’il n’est constitué que de son cœur. Ces différences de traitement (ou de raffinage) vont avoir un impact sur ses qualités nutritionnelles.  Plus un riz est complet, plus il est une mine de nutriments !